« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »

Gilles Deleuze, Dialogues

vendredi 11 janvier 2013

Pour bien commencer l'année... 元気に新年を始めましょう

De retour d'un séjour en France, voici ce que j'ai trouvé à la maison, déposé par une main attentionnée, pour nous souhaiter un bon retour et une belle année :
Les sept herbes du printemps...春の七草
Le 7 janvier, il est de tradition de manger une soupe de riz avec des herbes hachées. Ce plat marque la fin des festivités du Nouvel An et assure une bonne santé pour l'année nouvelle.
A l'origine, cette tradition fut importée de Chine il y a fort longtemps, vers le VIIIe siècle, pour devenir un rite de cours à l'époque Heian (794-1185). De l'entourage impérial, la cueillette des sept herbes du printemps s'est diffusée parmi le peuple, et perdure jusqu'à nos jours à la campagne et même encore en ville, où l'on va glaner dans les terrains vagues, sur les talus, le long des berges.
Ces sept herbes sont de jeunes pousses sauvages que l'on ramasse, toutes ou en partie, ou bien que l'on trouve dans le commerce, qui sont à la fois décoratives et alimentaires. Pour bien débuter l'année, elles nous apportent la vitalité de leur jeune croissance, et l'espérance du printemps malgré la froidure.
江戸川特産!
Voici la liste consacrée des sept herbes du printemps :

  1. Œnanthe (seri, Oenanthe javanica)
  2. Bourse-à-pasteur (nazuna, Capsella bursa-pastoris)
  3. Gnaphalium (gogyo, Gnaphalium affine)
  4. Mouron des oiseaux (hakobera, Stellaria media)
  5. Lampsane commune (hotokenoza, Lapsana apogonoides)
  6. Navet (suzuna)
  7. Daikon, radis blanc (suzushiro, Raphanus sativus var. longipinnatus) 
A noter qu'on ne mange que les feuilles, même des radis et navet. 

A l'époque Edo (1600-1867), les courtisanes et prostituées du quartier réservé de Yoshiwara dans la cité d'Edo, étaient exceptionnellement autorisées à sortir dehors pour aller ramasser ces herbes sauvages sur les berges de la rivière Sumida. 
Mon panier ne vient pas de loin puisqu'il a été produit par un maraicher qui vit et travaille dans l'arrondissement de Edogawa-ku où j'habite. C'est une spécialité locale !

Pourquoi parle-t-on du printemps en ce début d'année bien hivernal ?
En fait, le rite des sept herbes du printemps se déroulait le septième jour du premier mois suivant le calendrier luni-solaire originaire de Chine et introduit au Japon à la fin du VIIe siècle. Ce calendrier y fut en vigueur jusqu'en 1872 (1912 en Chine) avant d'être remplacé par notre calendrier grégorien.
Dans l'ancien calendrier, l'année commence un bon mois plus tard : cette année, le Nouvel chinois sera fêté le 10 février.
Le Japon a reporté telles quelles dans le nouveau calendrier toutes les dates des fêtes et rites anciens, très liés au rythme agricole, d'où un décalage qui ne gêne personne. Cependant, la plupart des calendriers ou agendas actuels rappellent les anciennes dates.
C'est ainsi que les traditions se réinventent, se perpétuent, se superposent, toujours différentes, au grès du temps qui coule.


Je souhaite une belle année à tous les lecteurs, fidèles ou de passage, connus ou inconnus de ce blog. Merci à tous.
 











 

1 commentaire:

  1. Merci pour cette chronique interessante et instructive , merci aussi pour tes voeux et à mon tour avec mes voeux je souhaite la poursuite de ce blog passionnant , Magali

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