Je n'ai pas l'habitude de signer beaucoup de pétitions, doutant de leur efficacité, parfois de leur sincérité, et j'ai encore moins la manie de les relayer.
J'ai pourtant signé cette pétition en ligne, qui demande in fine une intervention de l'ONU pour sécuriser le réacteur n°4 sur le site dévasté de la centrale de Fukushima daiichi, considéré par beaucoup comme le problème majeur à maîtriser, autant que possible, en priorité. De mois en mois, l'attention se focalise sur ce réacteur n°4 et les craintes augmentent.
Sachet de pousses de soja acheté au supermarché voisin |
Pourquoi ?
Si le bâtiment très endommagé du réacteur 4, à l'arrêt lors du séisme, s'effondre, cela entraînera l'abandon de tout le site, c'est à dire des six réacteurs, du fait des radiations dégagées, parce que la piscine de refroidissement où se trouve le combustible usé de ce réacteur 4 se sera écroulée, piscine contenant 1 535 barres de combustible usé.
On peut remarquer qu'un réacteur à l'arrêt est aussi, sinon plus, menaçant que ceux qui fonctionnaient au moment de la catastrophe car le combustible usé se trouve hors d'une enceinte de confinement. C'est un des problèmes et point faible de la filière nucléaire que révèle ainsi l'accident de Fukushima.
Depuis quelques mois, la tension monte autour de cette piscine, installée en hauteur au-dessus du réacteur, car le risque d'effondrement est véritablement important. La structure, très dégradée par une explosion d'hydrogène après le séisme, a été consolidée, les fuites plus ou moins colmatées, mais la menace sismique est toujours là, présente et bien réelle. Notre sort est suspendu à une piscine.
Les bonsaïs d'azalées en fleurs cultivés par un voisin sur un espace résiduel du parking en face chez lui. |
Depuis le 11 mars, le nord du Japon, de Tokyo à Hokkaidô, subit à un rythme hebdomadaire des secousses de l'ordre de celles qui ébranlent l'Italie en ce moment. Les répliques sismiques sont encore très nombreuses dans la région de Fukushima, de plus, autre menace, si un puissant séisme se produit dans la région de Tokyo, ce qui ne manquera pas d'arriver, il se répercutera fortement jusqu'à Fukushima, avec le risque d'envoyer tout par terre, entraînant un accident qui serait cette fois à l'échelle planétaire d'après certains.
A l'origine de cette pétition, la lettre d'un diplomate japonais, Murata Mitsuhei, ancien ambassadeur, écrite en mars au secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, pour demander l'intervention de l'ONU et assurer les moyens de sécuriser le site au plus vite. Son appel a été diffusé et soutenu par d'autres diplomates japonais, par des scientifiques de premiers plans, puis maintenant par toutes les associations sur le terrain au Japon.
Devant la maison, sur le trottoir |
Un effet de cette action, c'est une visite le 26 mai dernier du site du réacteur 4 par le ministre de l'Environnement et du Désastre nucléaire (c'est son titre officiel), Hosono Goshi. Il a noté les conditions de travail difficiles et dangereuses des ouvriers et a observé les travaux préparatoires pour construire une grue sur place qui permettra de sortir le combustible usé à partir du début de l'année prochaine (si les kami le veulent).
J'ai discuté dernièrement avec un de mes jeunes collègues japonais, professeur de mathématiques. Il vient d'avoir un bébé qui a 5 mois maintenant. Lors de la catastrophe du 11 mars, sa femme était en début de grossesse. Elle a quitté Tokyo pour aller dans sa famille près de Kobe. Et ils ont décidé de s'installer définitivement là-bas, à 600 km au sud-ouest de Tokyo. Lui vient trois jours par semaine à l'université, du dimanche soir au mercredi soir, et reste à l'hôtel. La raison de ce déménagement est le risque que fait peser cette fameuse piscine du réacteur 4 qui lui semble vraiment trop grave. Il ne comprend d'ailleurs pas le manque de réactivité autour de lui à cette situation. Moi aussi, j'ai déjà envisagé l'hypothèse de quitter Tokyo, et cette conversation m'a ébranlée.