« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »

Gilles Deleuze, Dialogues

samedi 20 octobre 2012

Ainsi finissent les vélos à Tokyo... 東京で自転車はこう終わります

Ainsi finit, dans les belles de nuit et les plantes grasses, le vélo d'une voisine, maintenant trop âgée pour l'utiliser.

Ce n'est pas rare de faire de telle rencontre dans Tokyo, vélo pris dans les volubilis ou les herbes folles, laissé dans un coin par quelque "emprunteur" peu scrupuleux ou bien abandonné par son propriétaire.

Dans la ville où tout change si vite, tout bouge sans cesse, dès que l'on s'écarte de la ligne de flux principale, des délaissés de toutes sortes encapsulent le temps qui passe, la nature qui suit son cours.

La ville nous donne à sentir des rythmes différents, des mondes parallèles qui coexistent. Et aussi l'impermanence des choses humaines

vendredi 12 octobre 2012

L'automne, saison des moissons au Japon... 秋、稲刈りの季節

福島県大熊町に於ける警戒区域の稲刈り
Photo choc ce matin, vendredi 12 octobre 2012, en haut du site du journal Asahi.

Des membres du gouvernement local de Okuma, commune de la préfecture de Fukushima aujourd'hui dans la zone interdite, récoltent le riz dans quelques champs plantés afin d'en mesurer la contamination.
La centrale nucléaire Fukushima Daiichi se trouve à cheval sur les deux communes de Okuma et Futaba, aires rurales en bord du Pacifique.

Quel message veut transmettre l'homme qui brandit sa botte d'épis de riz ?
Qu'il croit malgré tout à la vie qui continue ?
Qu'il garde l'espoir de reprendre la culture en cet endroit un jour prochain ? 
Qu'il veut montrer au monde ce à quoi est réduit son pays natal ?

Qu'en penser ?

La moisson est toujours bien plus que la récolte d'une plante, c'est un moment qui symbolise la fertilité et contient toute l'histoire de l'humanité.
C'est pourquoi cette image est bouleversante car elle nous montre notre monde mis à mal.

Trouvée sur le net, cette petite vidéo faite au moment du repiquage dans cette même commune de Okuma, en mai :

Voici un commentaire posté à ces images :

シュールだな~。
☢ ゜ ・ ☢ 。 ☢ 。 ・ 。 ゜ ・ 。 ゜ 。・ ☢ ゜・ 。 ゜ 。 ☢ ゜ ・ 。 ・ ☢ ・ ゜ 。 ☢ ・ 。 ・ 。 ☢ ゜ ・ ☢ 。 ゜ 。 ・ ☢ ・ 。 ☢ ゜ ・ 。
なんだけどなぁ。。。

lundi 1 octobre 2012

Des idées de cadeaux pour Noël... クリスマスプレゼントのアイディア

Pour ceux qui chercheraient déjà des idées de cadeaux - très originaux - pour Noël, voici ce que propose en vente en ligne la société japonaise Neurowear :
Des oreilles de chat, ça s'appelle nekomimi (qui veut dire oreilles de chat) à se poser en serre-tête et qui bougent suivant notre concentration transmise par un petit capteur sur le crâne.

Neurowear a mis au point sur le même principe une queue, ça s'appelle shippo, (qui veut dire queue ; de chat, là j'avoue un gros fantasme...), elle n'est pas encore mise en vente mais on peut juger de l'effet sur cette vidéo :
Le site du journal Libération daté du 24 septembre propose un article que je vous laisse découvrir.

Ces accessoires kitschissimes nous révèleraient-ils que le fantasme de la femme-chatte serait universel, au moins bien partagé, avec la variante kawaii (mignonne) au Japon ? 
On pense à Catwoman apparue dans le comic américain Batman en 1940, qui de justicière féministe défendant des prostituées dérive vers l'érotisme fétichiste avec masque et cuir moulant noirs dans les films récents.  Neurowear nous propose plutôt une lolita-chatte, tout un programme.


Avant l'apparition des accessoires Neurowear, une nekomimi est un personnage, en général féminin, de manga, de dessin animé ou de jeu vidéo avec des oreilles, une queue de chat, et aussi une gestuelle particulière pour évoquer de la main les mouvements de la patte du chat. Et qui s'exprime avec force nya ou myû, onomatopées félines en japonais. Les attributs de chat n'apparaissent qu'épisodiquement, révélant le caractère surnaturel du personnage. Ceux-ci apparaissent dans les années 70 avec leur graphisme reconnaissable, et assez vite (tout de suite ?) des versions porn apparaissent.
Nekomimi entre la lolita-maid et la collégienne... 猫耳 (^.^)

En dehors du Japon, dans les années 70, plus soft, la comédie musicale américaine Cats connaît un énorme succès, et elle est toujours jouée à Tokyo ; on pense aussi à des films de Disney comme "Les Aristochats" dans la même veine. Et en France à l'énorme succès de la pièce "Peine de cœur d'une chatte anglaise" d'après une nouvelle... d'Honoré de Balzac qui se moquait des mœurs victoriennes. La chatte anglaise s'y fait dévergonder par un chat de gouttière, français évidemment.

Plus récemment, au Japon, la mode nekomimi a été réactivée par un groupe de chanteuses coréennes, lancées et même fabriquées par la vague de la K-pop. La K-pop, comme la balbutiante C-pop venue de Chine, sont des copier-coller de la J-pop, des clones carrément produits par des agences d'Etat qui repèrent, entraînent durement pendant plusieurs années des adolescents et des adolescentes pour former des groupes censés montrer une image positive et dynamique de leur pays, et ainsi valoriser l'ensemble de la production industrielle. C'est une application littérale et très utilitariste du concept américain de soft power (comment se construire une bonne image et élargir sa sphère d'influence dans le monde) mais ça marche !
Ce groupe coréen T-ara (prononcé ti-ala) de sept filles est très célèbre au Japon, et elles sont toujours habillées en nekomimi du type kawaii (mignon) sur les plateaux de télévision, avec les mains repliées devant la poitrine, mais leur clip se veut plus hot, leur apparence étant un mélange de lolita, nekomimi et cuir. Ce n'est pas tout à fait la même veine que les Pussy Riot russes.
Bo peep bo peep, on sent la chanson à texte, en voici la version japonaise :

En devanture ou à l'entrée de nombreux magasins au Japon, surtout les restaurants ou bars, se trouve un chat en faïence avec une patte levée, appelé maneki-neko, le chat qui invite (les clients à entrer, la bonne fortune). Il s'agit d'un chat porte-bonheur très populaire dans les boutiques (même à Paris dans certains magasins tenus par des Vietnamiens).
Plusieurs légendes racontent l'histoire du chat devenu porte-bonheur. Celle que j'ai entendue rapporte qu'un seigneur ou samurai important (le nom du personnage change suivant la ville ou le quartier où l'on se trouve) aurait vu un chat qui semblait l'appeler de la patte. Le guerrier, intrigué, suit le chat et ainsi évite la foudre qui s'abat ou bien un piège, et décide d'ériger un temple à l'endroit où le chat apparu lui a sauvé la vie.

Il semble que ces maneki-neko apparaissent dans les commerces assez récemment, à la toute fin de l'époque Edo ou même à l'époque Meiji (à partir de 1868). En fait, il remplacerait une statue phallique qui se trouvait à la porte des maisons de rendez-vous, ou bien à l'entrée des commerces tenues par d'anciennes prostituées ayant réussi à racheter leur liberté et ouvrant une gargote. Avec l'arrivée des Occidentaux alors en pleine période victorienne, le gouvernement japonais dut faire le ménage vite fait pour retirer et interdire toutes les sculptures phalliques (ou vulvaires) en pierre ou en bois qui se trouvaient à tous les coins de rue (au sens propre du terme).
Et quand on regarde certains maneki-neko, symboles de prospérité, de dos, on n'y voit pas forcément un chat...

D'autres chats connaissent un énorme succès au Japon.
Par exemple le personnage de Doraemon, chat-robot bleu sans oreilles (car une souris les lui a mangées quand il était petit d'où sa peur des rongeurs) qui vient du futur et aide un garçon pas très doué dans la vie (pour s'en sortir à l'école, à la maison, etc). D'abord manga, puis dessin animé, Doraemon accompagne l'enfance des jeunes Japonais depuis 1969, et même au-delà du Japon. Je me souviens d'un Doraemon parlant portugais aperçu à la télévision.
Doraemon et les personnages principaux de l'histoire... ドラえもん

L'acteur Jean Reno, populaire au Japon, a tourné une série de films publicitaires pour Toyota, déguisé en Doraemon. On retrouve les mêmes personnages jeunes adultes, à l'âge de 30 ans. Et le garçon Nobita, toujours aussi empoté, a besoin de Doraemon pour l'aider à avoir ses chances auprès de Shizuka, sa copine d'enfance dont il est éternellement amoureux. 
Ce qui est intéressant c'est que cette série n'est pas pour promouvoir les modèles de Toyota mais... le permis de conduire. Ce qui sous-entend que les jeunes adultes japonais ne se bousculent pas pour passer le permis. Si les constructeurs veulent continuer à vendre des voitures, il faut déjà que les clients potentiels aient le permis de conduire.
A ne pas rater, Jean Reno en Doraemon :

Mais le chat japonais le plus célèbre dans le monde entier est une chatte présente sur un catalogue de 22 000 références. C'est bien sûr :
Hello Kitty !
En 1974, une jeune employée tout juste diplômée d'une école de graphisme, à la demande de son employeur, la papeterie Sanryo, dessine un personnage, un petit chat mignon sans bouche. Et c'est un succès qui dure toujours, avec de nombreux partenariats de marketing. Par exemple, quand je vais à la banque, je ressors avec des mouchoirs en papier à l'effigie de Hello Kitty ! On peut même avoir la carte de crédit Hello Kitty !
Hello Kitty va même à l'université Waseda !

Au Japon, la figure du chat est donc très riche, et le mignon glisse facilement vers l'érotisme. 
Sextoy Hello Kitty Vibrator, à l'origine fait pour se masser les épaules (mon œil), existe en rose ou rouge et blanc... アダルトグッズ (大人のおもちゃ)