« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »

Gilles Deleuze, Dialogues

mardi 17 juillet 2012

Un dimanche à la campagne à Yokohama ... 田園の日曜日

Dimanche 15 juillet, à l'initiative d'un ami, je suis allée à Yokohama dans l'arrondissement d'Aoba où persistent activités agricoles et paysages si caractéristiques du satoyama.
Rizières et bois... 田圃と雑木林
On nomme satoyama le territoire façonné par la polyculture vivrière et ses pratiques locales, composé d'une mosaïque de champs secs et de rizières, d'étangs-réservoirs et de cours d'eau, de rigoles et de roselières, de jardins et de vergers, d'habitations et de voies. La partie en culture et ouverte est bordée de bois qui forment une interface stabilisée par l'entretien (enfin, elle l'était) avec la forêt naturelle couvrant les hauteurs. Nature et culture, depuis toujours, se sont chevauchées et mutuellement enrichies dans le satoyama.
Bassin réservoir en amont du vallon pour l'irrigation... 灌漑のための溜池

Taro et tomates... 里芋とトマト
Autre rappel, Yokohama est une ville de 3,6 millions d'habitants qui jouxte Tokyo. Déjà en 1922, Albert Londres notait lors de sa première expérience de journaliste façon grand reporteur :
Il n'y a pas le moyen de voir le bout de Tokyo.
Une fois, je voulus en finir avec cette ville. Je pris un chauffeur :
"Avez-vous de bons pneus ? Êtes-vous célibataire ? c'est à dire un homme pouvant courir les aventures ? Oui. Alors menez-moi au bout de Tokyo. Non ! Non ! pas aux temples, ni aux jardins, ni au palais. Je ne veux voir que le bout de Tokyo. Roulez ! Je paierai en or."
Une heure trente après, ayant traversé, à une allure de circuit, quartiers sur quartiers, il freinait. "Roulez toujours !" criai-je hors de moi, la tête à la portière. Il allongea le bras. Face à nous, tout bleu, s'étendait le Pacifique. "Où suis-je ?" dis-je. Il répondit : "Yokohama ! " Tokyo n'avait pas de bout.
Tomates et haricots verts en tonnelle... トマトとインゲンのトンネル
En fait, au bout de Tokyo et de Yokohama, on trouve d'un cote le Pacifique et de l'autre, le satoyama où aujourd'hui s'installent des artistes, des galeries qui disposent de plus d'espace qu'en ville, et où viennent les citadins à la découverte de lieux originaux, de paysages champêtres et de produits locaux.
Potimarrons... かぼちゃ
Donc dimanche, dans la galerie Studio Jike, se déroulait une performance théâtrale de rakugo (un conteur, assis à genoux sur un coussin, raconte des histoires humoristiques avec comme seuls accessoires un éventail et une sorte de mouchoir en tissu) au milieu d'une exposition de photographies de Paris prises par une photographe qui utilise la technique du sténopé. 
A la fin de la séance théâtrale, nous avons partagé, acteurs, spectateurs, photographe, galeristes, un ragoût qui avait été préparé par les artistes, accompagné de légumes de saisons sortis des jardins environnants (concombres, aubergines, herbes).
Verger de kakis... 柿の木
Voilà les collages dans l'espace et le temps que crée le Japon, et qui génèrent des rencontres avec des gens très touchants, comme cette dame de quatre-vingt ans, qui habite le quartier avec son mari, claveciniste et facteur d'instruments. 
Voici le lien vers le blog de Studio Jike, en japonais mais avec beaucoup de photos
http://jikestudio.blogspot.jp/ 
Les artistes et la galerie... 画廊の前に落語家の劇団
Hotte en bambou tressé... 竹の民具






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