« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »

Gilles Deleuze, Dialogues

lundi 5 décembre 2011

Décon, le mot de l'année... 今年の言葉とはデコン


Nous avions passo-con, パソコン abréviation en japanglais de personal computer, suivi de mini-con, ミニコン et fami-con, ファミコン pour mini computer et family computer, contenant sans doute des semi-con, セミコン, semi conductors ; nous avions air-con, エアコン pour air conditionner ; zene-con, ゼネコン pour general contractor c'est à dire entreprise de construction générale ; nous avions bodi-con, ボディコン pour body conscious qui qualifie les jeunes femmes vêtues très court et très moulant, apparues dans les euphoriques années 80 de la bulle économique. Et aussi loli-con, ロリコン, pour lolita complex et maza-con, マザコン pour mother complex, designant ceux qui aiment trop les très jeunes filles ou leur maman. 
Bodi-con ou loli-con ?... ロリコンかボディコンでしょうか?
Nous pouvons ajouter à notre collection des abréviations à succès en "con" un nouveau venu qui s'est désormais imposé, et pour longtemps, dans notre paysage lexical et notre environnement quotidien : decon, デコン pour decontamination.
Et voici "la technologie la plus avancée", dixit Hosono Goshi, ministre de l'environnement et de la crise nucléaire des deux derniers gouvernements, en tout cas la plus pratiquée en matière de décontamination au Japon depuis l'accident nucléaire de Fukushima :

                                      
Video diffusée par la NHK, télévision nationale, le 23 novembre 2011. Cette méthode présentée aux médias va être appliquée dans 600 vergers de la préfecture de Fukushima, soit 2 200 hectares. Comme on peut le voir, l'eau récupérée dans la bâche se déverse aux pieds des arbres. Bien souvent, il n'y a pas de bâche.

En ville, à Fukushima mais aussi dans les hot spots découverts à un rythme régulier à Tokyo et dans son agglomération (des points bas, caniveaux bouchés ou dalles, où des eaux de ruissellement stagnantes avec des saletés se sont accumulées concentrant des particules radioactives), c'est la même "technologie" qui est mise en œuvre. Ville et campagne, c'est donc une technique extrêmement adaptative et flexible, que n'importe qui peut utiliser (c'est à dire sans protection ni formation bien souvent). 

Bienvenue chez Kärsher, leader des solutions de nettoyage (c'est leur slogan, regarder le site à la lumière des événements ici, c'est involontairement assez drôle). On pourrait leur proposer : Des banlieues parisiennes à Fukushima, un coup de Kärsher et hop, ça repart.
Comme conclut un pêcheur de Fukushima, entre colère et tristesse : "En voilà une bonne idée, la "décontamination". Mais où est-ce qu'elles vont les matières radioactives une fois qu'elles sont "décontaminées" ? Dans les rivières, et à la fin, à la mer."
Qu'en pensent-ils ?... どう思いますか
Musée d'Art occidental... 西洋美術館

Si malgré sa grande polyvalence le Kärsher n'est pas utilisable, l'autre méthode utilisée (je ne sais comment la qualifie le ministre de l'environnement et de la crise nucléaire) est le grattage. Celui-ci consiste à retirer une couche superficielle de sol, terre, sable ou gazon selon l'endroit. Les lieux fréquentés par les enfants ont été traités assez systématiquement de cette façon, jusqu'à certains endroits à Tokyo : bacs à sable, cours des crèches et écoles, certains jardins publics. Au début, les matériaux décroutés restaient souvent sur place, recouverts d'une simple bâche en plastique. Mais où les mettre ? Qu'en faire ?

Jusqu'à présent, ces opérations de "décontamination", lavage ou grattage, sont souvent effectuées par des équipes de bénévoles (dans les premiers temps même les enfants participaient !) mais un marché se met en place depuis la loi-cadre instaurée en août. Les entreprises de nettoyage sont en train de développer le business de la decon, potentiellement lucratif puisque évalué à un billion de yens, c'est-à-dire 1 000 000 000 000 Yens (10 milliards d'euros environ), proportionnel aux volumes, énormes, à traiter.
Dans la préfecture de Fukushima, les quantités de sols où le niveau de radioactivité est supérieur à 5 000 Bequerel/kg, classés à retirer, sont estimées à 3 millions de tonnes. Le volume des sols et de végétation fortement radioactifs de la préfecture de Fukushima avec les quatre préfectures voisines, est évalué à 29 millions de mètres cubes.

Et il faut ajouter tous les gravats et débris causés par le tsunami et également radioactifs !
Où et comment stocker tout ça ? (A suivre)
Illuminations de Noël à Omotesandô... 表参道のクリスマスのイルミネーション


1 commentaire:

  1. Ouf , ça décoiffe !!!
    comme d'habitude en matière de nucléaire, " tout va bien, dormez tranquilles "
    soyez prudents
    sébastien

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