Le 1er avril 2017 平成29年4月1日 Jour de cérémonie d'entrée des étudiants de 1ère année 入学式の日 |
« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »
Gilles Deleuze, Dialogues
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samedi 1 avril 2017
Un jardin à Tokyo, vu d'en haut
dimanche 3 mars 2013
Voyage à Nara... 奈良物語
pagode du temple Hôryûji... 法隆寺の塔 |
"Ahahahaha tu prreends
t'es déjà arrivé au temple ?
J'avoue moi au moins j'ai mon frère :p
Ahahaha l'endurance mais sur plusieurs jours
Mouhahaha
Le pire c'est après mec
parents sont genre
"regarde la beauté du temple, regarde les peintures"
Et moi j'en ai absolument rien à battre
Le pire des pire c'est quand t'a un guide ou un audio-guide pck là c'est parti pour les explications de 20 mn sur une histoire que t'oubliera un jour plus tard
Mec c'est horrrrible
Surtout quand tu va dans des pays genre Cambodge, Chine
comme c'est pas cher t'a un guide pour tout"
SMS reçu par mon fils (17 ans), envoyé par un copain (16 ans) en apprenant qu'il se trouve à Nara en voyage avec sa mère (5? ans) pendant quatre jours.
Quelques éléments de traduction :
tu prends = tu morfles
:p = figure quelqu'un qui tire la langue pour se moquer
pck = parce que
Détail de la pagode du temple Hôryûji, plus vieux bâtiment en bois au monde... 法隆寺の塔 |
Mur dans le temple Hôryûji... 法隆寺の中の壁 |
Nara, au centre du Yamato, cœur historique du Japon, fut de 710 à 784 la capitale de l'empire naissant sous le nom de Heijô-kyô, durant ce qu'on nomme aujourd'hui l'époque de Nara.
Elle fut la première véritable capitale construite du pays, tracée sur le modèle orthogonal de la ville chinoise de Xi'an. En effet, auparavant, les capitales étaient transférées à la mort de chaque empereur. Selon les conceptions religieuses, la mort est impure et lorsqu'il s'agissait de la mort de l'empereur, l'état de souillure le plus grave touchait la capitale.
Les palais étaient détruits et reconstruits ailleurs mais au début du VIIIe siècle, il fut décidé de créer un centre plus durable afin d'établir un gouvernement et une administration, c'est à dire l'organisation d'un État, selon le modèle chinois et appuyé par la puissance religieuse du bouddhisme.
Temple Tôdai-ji... 東大寺 |
Lianes de glycine dans les arbres... 木の中に上がっている山藤 |
C'est aujourd'hui une petite ville très provinciale, avec une ambiance de gros bourg pleine de charme, qui abonde en pièces monumentales classées au patrimoine mondial de l'humanité, pour la grande joie des adolescents traînés en voyage par leurs parents.
Rues et ruelle de Nara... 奈良まちの道と路地 |
Dans le jardin Isuien (époque Edo), emprunt du paysage : toit du temple Tôdaiji et monts entourant Nara... 依水園の借景、東大寺と若草山 |
Demeure gelé
Le paysage où se détachent
les cerisiers de la montagne :
Leurs jeunes bourgeons
Hibernent sans doute encore.
Fujiwara no Suetsune (1131-1221)
lundi 11 février 2013
Mon deuxième bureau... 私の第二部の書斎
Le Deuxième bureau a désigné de 1871 à 1940 le service des renseignements de l'armée française, en référence au Deuxième Bureau de l'État-major général. Il a été impliqué dans les accusations portées contre le capitaine Dreyfus en 1895.
Dans le français imagé tel qu'il est parlé en Afrique, l'expression "deuxième bureau" est devenue une métaphore pour désignée... une maîtresse.
J'ai connu ce second sens en fréquentant à Paris un bar à vins qui servait une agréable cuisine de bistrot, et qui s'appelait... "Le troisième bureau". L'endroit où l'on passe prendre un verre et manger en morceau, après le deuxième bureau, avant de rentrer à la maison. Tout un programme...
Mon deuxième bureau est plus sérieux, c'est un salon de thé où je vais de temps à autre travailler, pour être ailleurs, sortir un peu tout en emportant de la lecture ou des documents. Ce lieu se situe dans le jardin du musée Nezu.
Jardin du musée Nezu, novembre... 根津美術館の庭園、11月 |
Le musée Nezu a été crée par Nezu Kaichiro (1860-1940), entrepreneur et fondateur de la compagnie de chemin de fer Tôbu, une des lignes qui structure l'agglomération de Tokyo. Ce Nezu fut un des modernisateurs du Japon et en même temps un grand collectionneur et passionné de l'art du thé. Il créa une fondation pour abriter ses collections qui ont continué à s'enrichir et c'est sa propre résidence qui devint le musée, en plein centre de Tokyo dans le quartier Aoyama.
Sa particularité est de posséder quelques trésors nationaux telle la fameuse peinture médiévale de la cascade de Nachi, mais surtout d'avoir un magnifique jardin.
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Le jardin abrite plusieurs pavillons de thé, très réduites chaumines - pour ne pas dire cabanes - à la fois très rustiques et très sophistiquées où l'on se réunit pour méditer dans le rituel du thé et communier dans l'instant essentiel tel que la nature l'offre à ce moment-là.
Lanterne de pierre... 灯篭 |
Lumière de janvier, lanterne et pavillon de thé au fond du bois... 1月の日差し |
Vers 1905, Nezu agença lui-même ce jardin avec passion, afin d'y faire découvrir les pavillons, les lanternes de pierres qui les signalent à travers les sentiers s'enfonçant entre les arbres. Son but ultime est de faire ressentir l'atmosphère de bois touffus au fond d'un vallon, loin de la ville et de son agitation, d'y trouver un lieu de retraite. Le jardin permet de faire un cheminement jusqu'à chaque pavillon, parcours qui aide à passer du monde quotidien, urbain à celui, épuré, vers la nature, du rite autour du thé.
Cheminement dans les bambous nains... 笹の中の飛び石 |
Entrée du salon de thé... |
A l'intérieur... |
Voilà, vous connaissez mon deuxième bureau.
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Voilà le travail, les branches ont été brossées pour faire ressortir leur aspect lustré... |
mardi 17 juillet 2012
Un dimanche à la campagne à Yokohama ... 田園の日曜日
Dimanche 15 juillet, à l'initiative d'un ami, je suis allée à Yokohama dans l'arrondissement d'Aoba où persistent activités agricoles et paysages si caractéristiques du satoyama.
Rizières et bois... 田圃と雑木林 |
On nomme satoyama le territoire façonné par la polyculture vivrière et ses pratiques
locales, composé d'une mosaïque de champs
secs et de rizières, d'étangs-réservoirs et de cours d'eau, de rigoles
et de roselières, de jardins et de vergers, d'habitations et de voies.
La partie en culture et ouverte est bordée de bois qui forment une interface stabilisée par l'entretien (enfin, elle l'était) avec la forêt
naturelle couvrant les hauteurs. Nature et culture, depuis toujours, se sont chevauchées
et mutuellement enrichies dans le satoyama.
Bassin réservoir en amont du vallon pour l'irrigation... 灌漑のための溜池 |
Taro et tomates... 里芋とトマト |
Il n'y a pas le moyen de voir le bout de Tokyo.Une fois, je voulus en finir avec cette ville. Je pris un chauffeur :"Avez-vous de bons pneus ? Êtes-vous célibataire ? c'est à dire un homme pouvant courir les aventures ? Oui. Alors menez-moi au bout de Tokyo. Non ! Non ! pas aux temples, ni aux jardins, ni au palais. Je ne veux voir que le bout de Tokyo. Roulez ! Je paierai en or."Une heure trente après, ayant traversé, à une allure de circuit, quartiers sur quartiers, il freinait. "Roulez toujours !" criai-je hors de moi, la tête à la portière. Il allongea le bras. Face à nous, tout bleu, s'étendait le Pacifique. "Où suis-je ?" dis-je. Il répondit : "Yokohama ! " Tokyo n'avait pas de bout.
Tomates et haricots verts en tonnelle... トマトとインゲンのトンネル |
En fait, au bout de Tokyo et de Yokohama, on trouve d'un cote le Pacifique et de l'autre, le satoyama où aujourd'hui s'installent des artistes, des galeries qui disposent de plus d'espace qu'en ville, et où viennent les citadins à la découverte de lieux originaux, de paysages champêtres et de produits locaux.
Potimarrons... かぼちゃ |
Donc dimanche, dans la galerie Studio Jike, se déroulait une performance théâtrale de rakugo (un conteur, assis à genoux sur un coussin, raconte des histoires humoristiques avec comme seuls accessoires un éventail et une sorte de mouchoir en tissu) au milieu d'une exposition de photographies de Paris prises par une photographe qui utilise la technique du sténopé.
A la fin de la séance théâtrale, nous avons partagé, acteurs, spectateurs, photographe, galeristes, un ragoût qui avait été préparé par les artistes, accompagné de légumes de saisons sortis des jardins environnants (concombres, aubergines, herbes).
Verger de kakis... 柿の木 |
Voici le lien vers le blog de Studio Jike, en japonais mais avec beaucoup de photos
http://jikestudio.blogspot.jp/
Les artistes et la galerie... 画廊の前に落語家の劇団 |
Hotte en bambou tressé... 竹の民具 |
dimanche 22 avril 2012
Les cerisiers : c'est la rentrée... 新学年の開始
Le moment de la floraison des cerisiers, vers le premier avril, a une importante signification collective au Japon, celle de la rentrée.
En effet, pour les élèves et les étudiants, c'est la rentrée des classes et le début d'une nouvelle année académique ; pour le monde du baseball et la Chambre des représentants, c'est la reprise du championnat et des sessions parlementaires ; à la télévision, c'est le début d'une grille de programmes rénovée avec des présentateurs et des décors rénovés aussi ; dans les entreprises, c'est le commencement d'un nouvel exercice budgétaire et le premier jour de travail pour les jeunes recrues.
Ce calendrier de rentrée, généralisé à toutes les activités, est unique dans l'hémisphère nord.
Université Waseda... 早稲田大学 |
Donc pour moi aussi, c'est la rentrée avec de nouveaux étudiants qui ont en général autour de vingt ans. Lors des premières classes, pour les connaître un peu, j'aime bien discuter avec eux des raisons de leurs choix de cours, de leurs centres d'intérêt, de ce qu'ils aiment faire en dehors de l'université. Je leur demande de résumer tout cela dans une petite note où ils ajoutent deux ou trois choses qu'ils aimeraient faire dans leur vie.
Cette année, plusieurs ont répondu : "Je souhaite vivre longtemps et en bonne santé." C'est la première fois qu'une telle réponse apparaît ! Comme si cela n'allait pas tout à fait de soi...
Jardin Ôkuma, université Waseda... 早稲田大学の大隈庭園 |
L'université Waseda, où j'ai grand plaisir à travailler, possède un jardin de 3,3 hectares sur son campus principal. C'était à l'origine le jardin d'agrément de la résidence d'un daimyô, puissant seigneur vassal direct du shogun à l'époque Edo (1603-1867). Il est de la forme classique à cette période, avec un étang entouré de sentiers qui permettent plusieurs promenades et offrent une succession de vues et d'ambiances variées grâce à une colline, des arbres et des végétaux très divers, des rochers, des lanternes, des pierres gravées, ...
Jardin Ôkuma, université Waseda... 早稲田大学の 大隈庭園 |
和洋四条家風の大隈庭園 |
Ce ne sont pas seulement les étudiants qui viennent s'y délasser puisque ce lieu, comme le reste du campus, est ouvert sur la ville et le quartier. Certains y viennent de loin pour faire une visite culturelle, aussi bien que les puéricultrices de la crèche proche qui s'y promènent avec les tout petits, ou les gosses du quartier à la pêche aux écrevisses. Qu'ils puissent vivre longtemps et en bonne santé !
mercredi 1 février 2012
Jardin de pivoines d'hiver à Ueno...上野の冬牡丹園
Jours de froid piquant et de bise mordante.
Et pourtant des pivoines sont en fleurs dans un jardin de Ueno, ouvert depuis le premier janvier et encore une large partie de février cette année.
A Japon, pour accueillir l'année nouvelle, on fait fleurir en plein hiver une variété de pivoine grâce à une capuche de paille de riz nommée wara bocchi 藁ぼっち qui crée un micro-climat autour de la plante et la protège de la neige. Cette couverture porte le même nom que les bottes de paille dans les rizières après la récolte, et n'est pas sans rappeler les pèlerines de paille, mino 蓑, portées autrefois pour se protéger de la pluie ou de la neige. La variété florale ainsi travaillée fleurit normalement deux fois, au début du printemps et à la fin de l'automne. La floraison du printemps est supprimée en éliminant les boutons et la floraison suivante, plus tardive dans l'hiver, est rendue possible grâce à la capuche de paille qui devient un élément plastique intégré dans le jardin. Le Japon est maître dans l'art de transformer les contingences en esthétique.
Cette manière a été mise au point durant l'époque Edo au XVIIIe siècle, période qui vit un essor éclatant de l'horticulture avec la démultiplication des hybrides de nombreuses plantes à fleurs et des techniques de culture. La classe dominante, celles des bushi, les guerriers, se retrouva avec beaucoup de temps libre pendant les 250 ans de paix de l'époque Edo (1603-1867). Obligés par le shogunat des Tokugawa à posséder plusieurs résidences, dans leur fief et dans la cité d'Edo, les samouraïs se reconvertirent dans le jardinage. Certains puissants daimyô, grands feudataires, laissèrent leur fortune dans leurs jardins d'agrément.
Ce jardin, qui semble être là depuis toujours, fut créé en 1980 pour galvaniser l'amitié sino-japonaise et compte 2500 pieds de pivoines arbustives, espèces locales et chinoises. Seulement une partie fleurit en hiver, une importante floraison de saison se fait aussi en avril dans une toute autre atmosphère. Cet endroit fait partie des shin-meisho, nouveaux lieux renommés, de Tokyo et se trouve dans le sanctuaire Toshogû qui lui fut édifié en 1627 pour honorer le premier shogun, Tokugawa Ieyasu. Le bâtiment du sanctuaire, bâché actuellement car en cours de restauration, est un des très rares vestiges bâtis de l'époque Edo, construit dans un style décoratif "à la chinoise", très orné, coloré et doré, d'une luxuriance prisée au début du XVIIe siècle mais vite abandonnée, et qu'on retrouve à Nikkô. A côté, se détache la silhouette d'une pagode de cinq niveaux qui faisait partie du Kanei-ji, important temple bouddhique tutélaire des Tokugawa. Cet autre rare vestige de la cité d'Edo est maintenant intégré dans le zoo de Ueno, le premier du Japon créé en 1882. Faire finir la dynastie des Tokugawa au zoo est révélateur de l'estime dans laquelle les réformateurs de Meiji la tenaient.
Dans cette belle collection botanique, des arbustes variés et tous intéressants forment des arrangements avec les pierres des bordures d'allure rustique mais très composées. Et au-dessus, dominent de très grands arbres, formant un couvert de ramures.
Des cartouches verticaux en bois énoncent des poèmes, tous portant le mot fuyubotan 冬牡丹, pivoine d'hiver. Et à la fin de la promenade, des papiers, des feutres donnent l'occasion à chacun de s'exercer à la composition poétique, ou bien de laisser une petite trace de son passage.
mercredi 9 novembre 2011
Un jardin à Kyoto... 京都の一つの庭園
Un week-end passé à Kyoto et l'occasion de visiter un jardin ouvert par exception. De dimension modeste (1500 m²), il forme avec un bâtiment un ensemble à la fois simple, cohérent et raffiné.
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Vue aérienne de Kohô-an... 孤篷庵の航空写真 |
Ce temple nommé Kohô-an, qu'on pourrait traduire par "Ermitage de la barque solitaire", fait partie d'un grand ensemble monastique bouddhique au nord de Kyoto, Daitokuji. Ce monastère fondé en 1319 et affilié à l'école zen Rinzai comprend 24 temples secondaires desservis par des rues pavées se coupant à angles droits, véritable cité dans la ville.
Chaque sous-temple est un clos avec son propre porche d'entrée, ses bâtiments plus ou moins importants, ses jardins et son histoire.
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Porche d'entrée de Kohô-an au nord-est... 孤篷庵の北東の門 |
En 1643, Kobori Enshû (1579-1647), grand maître de thé, architecte renommé de bâtiments et de jardins, calligraphe, en somme artiste et intellectuel complet de son temps, repensa à son emplacement actuel Kohô-an pour en faire sa dernière résidence. Malheureusement pour lui, il ne put guère jouir de son ultime dessein mais heureusement pour nous, celui-ci fut achevé et même reconstruit après un incendie un siècle plus tard.
Kobori Enshû, héritier d'un petit fief, est issu de la classe des bushi, guerriers au pouvoir. Samurai de rang modeste mais cultivé, grâce à ses talents - et à un très bon mariage avec la fille d'un daimyô, feudataire de haut rang - il fit une grande carrière et laissa de nombreuses œuvres dont des jardins ainsi qu'une école reconnue dans l'art du thé.
Par l'entregent de son beau-père qui fut à la fois un proche de l'empereur, du cercle intellectuel de la cour, et un conseiller du troisième shogun, le généralissime Tokugawa Iemitsu (1604-1651), Kobori Enshû accéda à de hautes fonctions. Il fut intendant des constructions impériales, puis architecte et concepteur de jardins pour le shogunat et d'autres dignitaires du régime, en ce début de l'époque Edo (1603-1867) où se met en place l'organisation sociale stricte maintenue pendant presque trois siècles par les dirigeants Tokugawa.
Assemblage caractéristique de l'allée : pierres taillées régulières et pierres brutes... 中の道の特徴的な敷石:幾何学的な切り出した石と天然の石 |
Kobori Enshû fait partie de ceux qui vont accomplir la jonction, moment essentiel, entre la culture classique issue de l'aristocratie de cour, avec son raffinement et sa longue histoire, et celle des guerriers, plus pragmatique, voir rustique. A celle-ci, s'ajoutent l'apport culturel des temples bouddhiques zen, leur esthétique empreinte d'une simplicité essentielle et d'une certaine vision du monde, ainsi qu'un intérêt ravivé pour la culture chinoise. Ces différentes sensibilités vont se rencontrer, se mêler et générer de nouveaux jardins et formes architecturales, des façons renouvelées d'apprécier les paysages, de nouvelles formes de poésie, de peintures, ... propres à l'époque Edo.
Kohô-an, dernière création et demeure de Kobori Enshû, représente sans doute un moment d'acmé dans cette fusion, empreinte de l'expérience du maître et de l'accomplissement d'une vie.
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Allée d'entrée de Kohô-an au nord-est... 孤篷庵の入り口の道 |
Après avoir longé à l'est une allée et pénétré dans l'édifice principal, on arrive au sud occupé par une longue salle bordée d'une galerie engawa qui permet de jouir de la lumière et du soleil ou de l'ombre fraîche de son avant-toit, selon la saison. Cette pièce est ouverte sur une étendue de fin sable ocre rosé, finement balayé en ondulations douces, bordée d'une double haie et fermée par des plantations basses aux deux extrémités.
Ce paysage "sec", karesansui en japonais, ainsi nommé car sans étang, évoque les sites célèbres de Omi, région située au bord du lac Biwa proche de Kyoto, eux-mêmes appréciés en référence à des sites chinois connus au Japon par des lavis et des poèmes. Ce jardin sans eau évoque donc le bord d'un lac, la ligne d'horizon est exprimée par la surface plane et la ligne des haies, l'onde et le rivage par les traces en courbes douces du balai de bambou sur le sol sablonneux. A l'origine, la vue au-delà de la haie allait vers le lointain, jusqu'aux montagnes qui évoquaient l'autre rive du lac, paysage emprunté ainsi intégré dans le jardin. Le développement urbain a eu raison de cet emprunt paysager et de grands arbres ont été plantés pour le cacher.
Ce paysage "sec", karesansui en japonais, ainsi nommé car sans étang, évoque les sites célèbres de Omi, région située au bord du lac Biwa proche de Kyoto, eux-mêmes appréciés en référence à des sites chinois connus au Japon par des lavis et des poèmes. Ce jardin sans eau évoque donc le bord d'un lac, la ligne d'horizon est exprimée par la surface plane et la ligne des haies, l'onde et le rivage par les traces en courbes douces du balai de bambou sur le sol sablonneux. A l'origine, la vue au-delà de la haie allait vers le lointain, jusqu'aux montagnes qui évoquaient l'autre rive du lac, paysage emprunté ainsi intégré dans le jardin. Le développement urbain a eu raison de cet emprunt paysager et de grands arbres ont été plantés pour le cacher.
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Jardin sud vu de la salle principale... 書院の南向きの枯山水庭園 |
La métaphore de la promenade en bateau se poursuit vers l'angle sud-ouest, dans une autre partie du jardin visible de la coursive qui forme une petite terrasse garnie d'une fine rambarde semblable à celle des bateaux de promenade yakata-bune.
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Jardin sud-ouest, plus pittoresque... 直入軒の縁側から風情のある庭園の景色 |
Ce parcours entre dedans et dehors s'achève côté ouest dans une pièce tout à fait particulière, réservée à la cérémonie du thé, alors qu'en principe le pavillon de thé est à l'écart, sorte de chaumine d'une rusticité très sophistiquée, accessible après la traversée d'un jardin boisé par un sentier. Là, le parcours se fait en bordure du bâtiment, pour arriver dans cette pièce relativement spacieuse, haute et claire par rapport aux pavillons de thé exigus, bas et peu éclairés.
Cette salle pour le thé s'ouvre sur un jardin encore plus réduit, à moitié clos par une haie proche, qui oblige le regard à se poser sur deux objets devant celle-ci. Sont disposés un bassin monolithique de pierre polie qui recueille les eaux de pluie pour les ablutions, et légèrement en retrait, une lanterne, que Kobori Enshû a construite en assemblant des pierres d'origines diverses, plus ou moins naturelles, patinées ou travaillées. L'une, dit-on, proviendrait d'Inde, une autre de Chine et encore une autre de Corée, les trois pays qui ont contribué à amener le bouddhisme jusqu'au Japon.
En lisière du bâtiment, des galets noirs forment une surface évasée qui suggère le sillage d'un bateau.
A ces subtiles séquences en profondeur, s'ajoute un cadrage vertical par la disposition audacieuse d'un écran shôji de papier blanc qui découpe exactement la vue au niveau du sol sur le jardin. Tout ce dispositif pourrait sembler trop composé et statique, ce serait sans compter le mouvement du temps journalier rendu sensible par le changement de la lumière puisque cette pièce à l'ouest reçoit les rayons du couchant, et le passage des saisons perceptible à travers la végétation et les météores, pluie, vent, neige... Rien ne bouge mais tout change sans cesse.
Parcours architectural et paysager, métaphore filée du passage en barque, Kohô-an est l'ultime chef-d'oeuvre d'un homme qui fut un passeur entre des univers culturels différents, arrivé au terme de la course de sa vie.
C'est sans doute ce caractère de complétude totale entre le fond, la forme, l'époque, le créateur et sa vie, qui rend si saisissant et touchant ce lieu, Kohô-an.
Note : à part la troisième photo, détail du pavement, toutes les autres sont des captures sur Internet car il est interdit de photographier sur place.
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