Le 1er avril 2017 平成29年4月1日 Jour de cérémonie d'entrée des étudiants de 1ère année 入学式の日 |
« Faire d'un événement, si petit soit-il, la chose la plus délicate du monde, le contraire de faire un drame, ou de faire une histoire. »
Gilles Deleuze, Dialogues
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samedi 1 avril 2017
Un jardin à Tokyo, vu d'en haut
mardi 4 février 2014
Pour bien commencer l'année... 花を植えましょう
...plantons des fleurs, comme Monsieur Saitô.
M. Saitô (son nom est écrit sur son casque) est vigile sur un important chantier en cours sur le campus de Waseda.
Sa tâche consiste à assurer la sécurité de l'interface entre le chantier et l'espace public. Concrètement, il s'agit pour lui de régler le flux des camions qui entrent et sortent débouchant à la fois sur la rue et l'entrée du campus. De façon générale, cette interface est extrêmement sécurisée au Japon par de nombreux balisages et d'aussi nombreux vigiles qui souvent ont pour principal travail de s'excuser du dérangement occasionné, même pour des travaux minimes.
Pour M. Saitô déjà présent sur ce site depuis bientôt deux ans et jusqu'en septembre 2014, les jours se suivent, sans doute un peu monotones, mais pénibles les jours de canicule en été, de grand froid en hiver, ou de pluie battante.
Alors, afin d'agrémenter le temps passé sur place, M. Saitô fait des plantations.
Il a semé des graines de tournesols au printemps dernier pour avoir des fleurs en été, et cet hiver il a planté des oignons de tulipes pour voir fleurir l'arrivée du printemps.
Pour faire ses plantations, il jardine des coins de terre résiduels, au pied d'un arbre ou bien à l'entrée du chantier. Il fait ce que beaucoup d'habitants font devant leur maison s'ils n'ont pas de jardins : ils installent des pots de fleurs sur les trottoirs, et plantent aux pieds des arbres d'alignement. Certaines ruelles particulièrement plantées par les habitants deviennent de véritables allées jardinées.
Les habitants des villes japonaises pratiquent depuis toujours, sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose, ce que des activistes écolo-créatifs ont appelé guerilla gardening. Ces pratiques, à la fois actions politiques et environnementalistes, ont été mises en oeuvre et pensées d'abord à New York dans les années 70, afin de recréer des espaces communs et publics en jardinant des terrains vacants, des friches urbaines dans la ville en crise, des coins à l'abandon. La guerilla jardinière s'est ensuite disséminée à Berlin, en Hollande, en Angleterre, etc. A lire, pour connaître l'histoire de ces mouvements, et même comment entreprendre des opérations, La Guerilla jardinière par Richard Reynolds, éditions Yves Michel, 2010, un livre plein d'humour à l'anglaise.
Si l'on disait à M. Saitô qu'il agit en guerillero jardinier, il serait sans doute bien surpris. Comme quoi, dans la ville japonaise, la dichotomie public/privé qui conditionne si fortement notre espace urbain n'a pas la même prégnance ni la même signification.
Au temps linéaire de la progression du chantier, période qui s'achèvera avec la réception d'un bâtiment de 14 étages, au rythme circadien des jours qui s'enchaînent, à ces temps contraints, M. Saitô réintroduit le cycle des saisons. En ménageant un temps propre, celui du jardinage, de la croissance des plantes qu'il observe, de leur épanouissement, de leur succession, il s'offre la possibilité de donner une forme particulière à son lieu de travail, pourtant peu amène.
Guerillero M. Saitô ? Peut-être, poète assurément.
M. Saitô (son nom est écrit sur son casque) est vigile sur un important chantier en cours sur le campus de Waseda.
Sa tâche consiste à assurer la sécurité de l'interface entre le chantier et l'espace public. Concrètement, il s'agit pour lui de régler le flux des camions qui entrent et sortent débouchant à la fois sur la rue et l'entrée du campus. De façon générale, cette interface est extrêmement sécurisée au Japon par de nombreux balisages et d'aussi nombreux vigiles qui souvent ont pour principal travail de s'excuser du dérangement occasionné, même pour des travaux minimes.
Guérite de M. Saitô, avec le balai et la pelle pour ramasser la moindre aiguille de cèdre ou feuille de ginkgo, avec le bol de croquettes pour le chat du coin. |
Le chat qui a adopté M. Saitô et fait la sieste sous un camélia à côté de la guérite. |
Alors, afin d'agrémenter le temps passé sur place, M. Saitô fait des plantations.
Il a semé des graines de tournesols au printemps dernier pour avoir des fleurs en été, et cet hiver il a planté des oignons de tulipes pour voir fleurir l'arrivée du printemps.
M. Saitô pose avec ses tournesols en juillet |
La guérite en juillet |
Pour faire ses plantations, il jardine des coins de terre résiduels, au pied d'un arbre ou bien à l'entrée du chantier. Il fait ce que beaucoup d'habitants font devant leur maison s'ils n'ont pas de jardins : ils installent des pots de fleurs sur les trottoirs, et plantent aux pieds des arbres d'alignement. Certaines ruelles particulièrement plantées par les habitants deviennent de véritables allées jardinées.
M. Saitô arrose les tulipes en janvier |
Si l'on disait à M. Saitô qu'il agit en guerillero jardinier, il serait sans doute bien surpris. Comme quoi, dans la ville japonaise, la dichotomie public/privé qui conditionne si fortement notre espace urbain n'a pas la même prégnance ni la même signification.
Au temps linéaire de la progression du chantier, période qui s'achèvera avec la réception d'un bâtiment de 14 étages, au rythme circadien des jours qui s'enchaînent, à ces temps contraints, M. Saitô réintroduit le cycle des saisons. En ménageant un temps propre, celui du jardinage, de la croissance des plantes qu'il observe, de leur épanouissement, de leur succession, il s'offre la possibilité de donner une forme particulière à son lieu de travail, pourtant peu amène.
Guerillero M. Saitô ? Peut-être, poète assurément.
lundi 22 avril 2013
Mise en abyme... 笑う牛
On n'arrête pas le progrès...
La vache qui rit, notre premier fromage industriel inventé en 1921, est arrivée au Japon.
En chemin, elle s'est mise à l'anglais. Encore un coup bas porté au rayonnement de l'exception culturelle française.
Pourtant, sur la boîte est indiqué bien en évidence フランス直送 "Arrivage direct de France".
Pour Takeuchi Hirotaka, premier et unique alpiniste à avoir gravi les 14 plus hauts sommets du monde, la vache qui rit à un effet contagieux garanti (photo issue de son site).
Le printemps aussi est arrivé, entre autres, sur le campus de Waseda.
La vache qui rit, notre premier fromage industriel inventé en 1921, est arrivée au Japon.
En chemin, elle s'est mise à l'anglais. Encore un coup bas porté au rayonnement de l'exception culturelle française.
Pourtant, sur la boîte est indiqué bien en évidence フランス直送 "Arrivage direct de France".
![]() |
Takeuchi Hirotaka, alpiniste professionnel...竹内洋岳というプロ登山家 |
Le printemps aussi est arrivé, entre autres, sur le campus de Waseda.
Massif d'azalées... つつじの茂み |
Feuillages nouveaux à Waseda... 早稲田大学の新緑 |
dimanche 22 avril 2012
Les cerisiers : c'est la rentrée... 新学年の開始
Le moment de la floraison des cerisiers, vers le premier avril, a une importante signification collective au Japon, celle de la rentrée.
En effet, pour les élèves et les étudiants, c'est la rentrée des classes et le début d'une nouvelle année académique ; pour le monde du baseball et la Chambre des représentants, c'est la reprise du championnat et des sessions parlementaires ; à la télévision, c'est le début d'une grille de programmes rénovée avec des présentateurs et des décors rénovés aussi ; dans les entreprises, c'est le commencement d'un nouvel exercice budgétaire et le premier jour de travail pour les jeunes recrues.
Ce calendrier de rentrée, généralisé à toutes les activités, est unique dans l'hémisphère nord.
Université Waseda... 早稲田大学 |
Donc pour moi aussi, c'est la rentrée avec de nouveaux étudiants qui ont en général autour de vingt ans. Lors des premières classes, pour les connaître un peu, j'aime bien discuter avec eux des raisons de leurs choix de cours, de leurs centres d'intérêt, de ce qu'ils aiment faire en dehors de l'université. Je leur demande de résumer tout cela dans une petite note où ils ajoutent deux ou trois choses qu'ils aimeraient faire dans leur vie.
Cette année, plusieurs ont répondu : "Je souhaite vivre longtemps et en bonne santé." C'est la première fois qu'une telle réponse apparaît ! Comme si cela n'allait pas tout à fait de soi...
Jardin Ôkuma, université Waseda... 早稲田大学の大隈庭園 |
L'université Waseda, où j'ai grand plaisir à travailler, possède un jardin de 3,3 hectares sur son campus principal. C'était à l'origine le jardin d'agrément de la résidence d'un daimyô, puissant seigneur vassal direct du shogun à l'époque Edo (1603-1867). Il est de la forme classique à cette période, avec un étang entouré de sentiers qui permettent plusieurs promenades et offrent une succession de vues et d'ambiances variées grâce à une colline, des arbres et des végétaux très divers, des rochers, des lanternes, des pierres gravées, ...
Jardin Ôkuma, université Waseda... 早稲田大学の 大隈庭園 |
和洋四条家風の大隈庭園 |
Ce ne sont pas seulement les étudiants qui viennent s'y délasser puisque ce lieu, comme le reste du campus, est ouvert sur la ville et le quartier. Certains y viennent de loin pour faire une visite culturelle, aussi bien que les puéricultrices de la crèche proche qui s'y promènent avec les tout petits, ou les gosses du quartier à la pêche aux écrevisses. Qu'ils puissent vivre longtemps et en bonne santé !
mardi 10 janvier 2012
Tombée sur un panneau à Waseda... 早稲田で掲示板に出くわして
Premier matin de reprise en ce début d’année. Ciel clair et sec, petite bise sibérienne, c'est un hiver de saison à Tokyo cette année.
Une entrée de l'université Waseda... 早稲田大学の一つの入り口 |
Dans les allées de l’université Waseda où je travaille, sont accrochés aux arbres des panneaux annonçant des événements à venir en tous genres, symposiums, spectacles, conférences, manifestations anti-nucléaires ou autres, expositions, ... organisés par les facultés, les étudiants, divers clubs, organismes ou services de l’université. Dix facultés qui réunissent quelque 50 000 étudiants, cela crée du mouvement.
Les panneaux contre les arbres... 並んでいる掲示板 |
Présentées par le Centre des Carrières de l'Université Waseda
Pour les étudiants étrangers
Conférences de présentations d'entreprises 2012
Suivent les dates des quatre réunions prévues les 6 et 14 fevrier, 15 mars et 12 avril prochains, de 13h à 16h.Le public concerné : les étudiants étrangers qui seront diplômés en septembre 2012 ou mars 2013, suivant les cycles de l’université japonaise.
Peut-être pourrions-nous suggérer à Claude Guéant, notre zélé ministre de l'Interieur, auteur de la fameuse circulaire du 31 mai, d'y faire un tour. Cette "circulaire Guéant" limite, ou plutôt empêche, l'embauche des étudiants étrangers non européens, alors que celle-ci était déjà très encadrée par une loi datant du 24 juillet 2006.
Certes, la constitution des élites des pays émergents ou immergés est une question, mais on doute que ce soit le souci de M. Guéant, préoccupé simplement de ratissage électoral à droite toute. Cette circulaire, triste reflet de la politique actuelle, a été dénoncée comme "moralement inadmissible, politiquement dangereuse et économiquement absurde" par des présidents d'université ou de grandes écoles, des chercheurs ou des enseignants, qui ont de plus en plus de difficultés à inviter des professeurs étrangers ou recruter des étudiants non européens. Même Mme Parisot remarque que "le message envoyé à l'international n'est pas valorisant pour nos entreprises". En effet, à l'heure de la globalisation vantée à tous crins, ça fait mauvais effet.
Je peux donner un exemple que je connais, celui d'une étudiante japonaise inscrite depuis septembre en doctorat à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, bénéficiant d'un financement japonais, titulaire d'un diplôme de 3ème cycle de l'université de Tokyo, qui après des démarches pendant six mois, n'a toujours pas de permis de séjour. Sa solution : rentrer tous les trois mois au Japon et revenir avec un statut de touriste !
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